militaire front italien
Histoire de la Première Guerre mondiale de 1914-1918
Bataille de l'Isonzo
Première bataille d'Isonzo
Date 23 juin-7 juillet 1915
Lieu Rivière d'Isonzo, Nord-Est de l'Italie
Issue Victoire italienne
Belligérants
Royaume d'Italie Autriche-Hongrie
Forces en présence
200 000 hommes 100 000 hommes
700 pièces d’artillerie 354 pièces d’artillerie
Pertes
16 000 hommes 10 000 hommes
Le 23 juin 1915, pendant la Première Guerre mondiale, les Italiens ouvrent la première des douze batailles d'Isonzo face à l'Autriche-Hongrie. Pour les l'Italie l'objectif de ces offensives est la conquête de la ville de Trieste, principal port autrichien sur la mère adriatique. Les autrichiens, peuvent compter sur une meilleure qualité d'armement notamment sur des pièces d'artillerie plus puissantes, mais ils sont en infériorité numérique par rapport aux italiens. Cependant la guerre de montagne donne un grand avantage aux défenseurs par rapport aux assaillants. Ceci explique l'attitude passive de l'armée austro-hongroise qui, jusqu'en 1917, va subir l'initiative des italiens sur l'Isonzo sans pouvoir mener d'attaque d'envergure.
La bataille
Les 200 000 Italiens, au départ environ deux fois plus nombreux en hommes et en pièces d'artillerie que les Austro-Hongrois, gagnent du terrain lors de la première phase de la bataille. Cependant leur principale offensive, qui débute le 30 juin, se solde par un échec. En effet, les forces italiennes qui attaquent sur un front de 30 km, n'arrivent à prendre position qu'à un seul endroit, sur la rive gauche de l'Isonzo.
Une nouvelle attaque le 5 juillet donne peu de résultats. Les armées italiennes, la IIe armée sous les ordres du général Pietro Frugoni et la IIIe du duc d'Aoste, prennent la tête de l'offensive.
La IIIe armée italienne a pour objectif de rompre le front entre Monfalcone et Sagrado vers le haut plateau de Doberdò pendant que la IIe armée avancerait entre Monte Sabotino et Podgora. Le but était de conquérir la tête de pont de Gorizia, de traverser l'Isonzo, de s'emparer des montagnes Kuk et Priznica et de mener également une attaque contre la tête de pont de Tolmin. Malgré sa supériorité numérique, l'armée italienne ne put atteindre aucun de ses buts. À Sagrado seulement elle réussit à pousser jusqu'au haut plateau de Doberdò en avançant de moins de 2 km.
Elles essuient de lourdes pertes : 5 000 hommes, dont 4 000 pour la seule bataille de Gorizia. Les pertes austro-hongroises s'élèvent à 10 000 hommes.
Le 7 juillet sonne la fin de la première bataille de l'Isonzo.
Un soldat austro-hongrois
Deuxième bataille d'Isonzo
Date 18 juillet-3 août 1915
Lieu Rivière d'Isonzo, Nord-Est de l'Italie
Issue Victoire de l'Autriche-Hongrie
Belligérants
Royaume d'Italie Autriche-Hongrie
Forces en présence
260 bataillons 105 bataillons
840 pièces d'artillerie 420 pièces d'artillerie
La deuxième bataille de l'Isonzo est une opération militaire de la Première Guerre mondiale, qui a eu lieu du 18 juillet au 3 août 1915 en Italie.
Les Italiens et les Austro-Hongrois s'affrontent lors de la deuxième bataille sur les rive de l'Isonzo. Le commandant en chef de l'armée italienne, le général Luigi Cadorna, a envoyé de l’artillerie supplémentaire sur le front dans l'espoir de réaliser une percée décisive sur Trieste.
Tranchée austro-hongroise
De leur côté, les Austro-Hongrois, en infériorité numérique, ont renforcé leurs positions avec seulement deux divisions supplémentaires, mais qui s'avèrent suffisantes.
La bataille débute par un tir de barrage plus bref et plus nourri des Italiens qui ne dure cependant que 2 jours, et leur IIe et IIIe armées réalisent une avance initiale, qui fait 4 000 prisonniers austro-hongrois, le 22 juillet. La pénurie d'obus et d'artillerie lourde freine leur progression face au système de tranchées ennemies, restées intactes et protégées par des barbelés. La bataille prend fin le 3 août 1915.
Troisième bataille d'Isonzo
Date 18 octobre-3 novembre 1915
Lieu Rivière d'Isonzo, Nord-Est de l'Italie
Issue Victoire de l'Autriche-Hongrie
Belligérants
Royaume d'Italie Autriche-Hongrie
Forces en présence
338 bataillons 137 bataillons
1.372 pièces d'artillerie 634 pièces d'artillerie
Pertes
67 000 hommes 42 000 hommes
La Troisième bataille de l'Isonzo est une opération militaire de la Première Guerre mondiale, qui a eu lieu du 18 octobre au 4 novembre 1915 en Italie.
Les Italiens attaquent encore une fois les Austro-Hongrois qui défendent la ligne du fleuve Isonzo alors qu'ils poursuivent leur offensive vers Trieste. Malgré leurs 1 200 pièces d’artillerie et le pilonnage de plus d'un million d'obus pendant les trois jours précédant le début de leur attaque contre les Austro-Hongrois, en infériorité numérique, les Italiens gagnent peu de terrain, et le peu qu'ils gagnent est rapidement repris. Les pluies intenses et la boue ralentissent l'offensive italienne.
Les offensives finissent le 4 novembre. Les pertes sont élevées. Les Italiens comptent 67 000 hommes tués, blessés ou fait prisonniers, les Austro-Hongrois perdent 42 000 hommes.
Quatrième bataille d'Isonzo
Date 10 novembre-2 décembre 1915
Lieu Rivière d'Isonzo, Nord-Est de l'Italie
Issue Victoire italienne
Belligérants
Royaume d'Italie Autriche-Hongrie
Forces en présence
200 000 hommes 100 000 hommes
Pertes
49 500 hommes 32 100 hommes
La quatrième bataille de l'Isonzo a eu lieu du 10 novembre au 2 décembre 1915. C'est une bataille du front occidental durant la Première Guerre mondiale.
Les Italiens et les Austro-Hongrois entament la quatrième bataille sur les rives de l'Isonzo.
L'offensive italienne débute par un barrage d'artillerie intense de quatre heures. Bien qu'ils attaquent en force, l'avancée des Italiens est limitée et ils doivent se résoudre à pilonner l'un de leurs objectifs stratégiques, Gorizia, le 18.
Les combats s'achèvent le 2 décembre, alors que les Italiens ont gagné peu de terrain.
Encore une fois, le bilan des deux côtés est lourd : 49 500 pertes humaines pour les Italiens et 32 100 pour les Austro-Hongrois.
Cinquième bataille d'Isonzo
Date 9 mars-15 mars 1916
Lieu Rivière d'Isonzo, Nord-Est de l'Italie
Issue Victoire de l'Autriche-Hongrie
Belligérants
Royaume d'Italie Autriche-Hongrie
Forces en présence
286 bataillons 100 bataillons
1360 pièces d'artillerie 470 pièces d'artillerie
Pertes
1882 hommes 1985 hommes
La cinquième bataille de l'Isonzo est une opération de la Première Guerre mondiale, sur le front italien. Elle a lieu en mars 1916.
Les Italiens lancent la cinquième bataille sur les rives de l'Isonzo. L'offensive contre les Austro-Hongrois est en partie destinée à soulager un peu les Français à Verdun. L'attaque italienne est entravée par le mauvais temps et le manque d'artillerie. Les deux camps gagnent ou perdent peu de terrain et les combats dans le secteur s'épuisent à la fin du mois.
Sixième bataille d'lsonzo
Date Du 6 au 17 aout, 1916
Lieu Isonzo près de Gorizia, Italie et Haut plateau Karsique, Slovénie
Issue Victoire italienne
Belligérants
Royaume d'Italie Autriche-Hongrie
Forces en présence
22 divisions 9 divisions
Pertes
51 000 hommes 40 000 hommes
Le commandant en chef de l’armée austro-hongroise Franz Graf Conrad von Hötzendorf avait réduit ses forces sur le front de l'Isonzo afin de renforcer ses troupes en vue d'une offensive sur le Trentin.
Le chef d'état-major italien Luigi Cadorna a fait alors passer en chemin de fer certaines de ses troupes du Trentin vers le front de l'Isonzo pour attaquer les défenses ennemies, affaiblies par le transfert.
La bataille
Le 6 août 1916, l'offensive est lancée sur Gorizia.
L'attaque est concentrée sur deux zones : la zone des collines à l’ouest de la rivière Isonzo près de Gorizia, et la pointe ouest du plateau du Carso, près de Doberdò del Lago.
Dans la bataille de Doberdò del Lago, les Italiens réussissent à conquérir les grands axes routiers de la côte qui va de Dui à Gorizia. Les forces austro-hongroises commencent alors une retraite sur le Mont San Gabriele à l'est de Gorizia, laissant la ville aux Italiens.
Le 8 août, Gorizia est prise et les Italiens traversent l’Isonzo et établissent une tête de pont. Les troupes austro-hongroises vont renforcer ce secteur afin d’empêcher une percée italienne. Le général Cadorna, satisfait des résultats obtenus, fait cesser l’offensive le 17 août.
Bilan
L’attaque et la prise constituent le plus grand succès de cette offensive italienne sur l’Isonzo. Ce succès a largement permis de stimuler le moral des troupes italiennes.
Certains historiens soutiennent que cette bataille fut inutile. Le gain de terrain étant minime. D’autres estiment que c’est aussi une victoire tactique des Italiens. En effet, les Autrichiens, ont été à court de troupes (ils ont dû combattre sur deux fronts), et ont été obligés de faire retraite sur le territoire slovène.
Toutefois le général Luigi Cadorna sacrifia des milliers de soldats dans de vaines tentatives pour faire avancer ses troupes vers Ljubljana et Trieste.
Après la bataille, le 28 août 1916, l'Italie déclare la guerre à l'Allemagne.
Selon les chiffres officiels, les italiens perdirent 1 759 officiers et environ 50 000 soldats et les austro-hongrois 862 officiers et environ 40 000 soldats.
Cette victoire italienne est amère quant aux coûts disproportionnés des pertes humaines. Il faut savoir toutefois que l’armée austro-hongroise était beaucoup mieux équipée que l’armée italienne et, comme dans presque toutes les batailles de l'Isonzo, il y avait toujours un nombre élevé de disparus italiens, en raison de la supériorité de l'artillerie autrichienne qui a entraîné la mort de beaucoup de fantassins italiens déchiquetés par les obus.
Septième bataille d'Isonzo
Date Du 14 au 18 septembre, 1916
Lieu Vallée de l’Isonzo, Italie
Issue Offensive italienne repoussée
Belligérants
Royaume d'Italie Autriche-Hongrie
Forces en présence
240 bataillons 150 bataillons
1 150 pièces d’artillerie 770 pièces d’artillerie
Pertes
17 000 hommes 15 000 hommes
La septième bataille de l'Isonzo est une opération militaire de la Première Guerre mondiale, qui a eu lieu du 14 au 18 septembre 1916, entre l'armée italienne et l'armée austro-hongroise.
Préambule
1 mois après le succès de la 6e bataille de l’Isonzo, le commandement italien décide de lancer une attaque, afin d’étendre leur tête de pont établie à Gorizia au cours de la sixième bataille de la Isonzo en août 1916, en attaquant le sud-est de la ville, et en particulier Miren-Kostanjevica, situé sur le Haut plateau Karsique, en direction de Trieste.
La bataille
Le 14 septembre 1916, à 9 heures du matin, la 3e armée Italienne lance une attaque sur un front réduite de 10 km entre de Gorizia la mer Adriatique.
Après 3 jours d’offensive, les Italiens réussirent à gagner quelques tranchées et la place forte de Merna-Castagnevizza.
Bilan
Les Italiens gagnent du terrain, mais le mauvais temps et la résistance acharnée des Austro-Hongrois les empêchent de progresser de façon significative.
Moins d’un mois après, le 10 octobre 1916, aura lieu la huitième bataille de l'Isonzo.
Huitième bataille d'Isonzo
Date Du 10 au 12 octobre, 1916
Lieu Vallée de l’Isonzo, Italie
Issue Offensive italienne repoussée
Belligérants
Royaume d'Italie Autriche-Hongrie
Forces en présence
20 divisions 14 divisions
Pertes
24 000 hommes 25 000 hommes
La huitième bataille de l'Isonzo est une opération militaire de la première guerre mondiale, qui a eu lieu du 10 au 12 octobre 1916, entre l'armée italienne et l'armée austro-hongroise.
Préambule
Le 10 octobre 1916, les 2e et 3e armées Italiennes attaquent la 5e armée austro-hongroise.
L’objectif des italiens étant les villes de Doberdò del Lago et Monfalcone, afin d’étendre leur tête de pont établie à Gorizia au cours de la sixième bataille de l'Isonzo en août 1916.
La bataille
L’attaque, échoue une nouvelle fois devant la défense opiniâtre des austro-hongrois ainsi que les erreurs tactiques, la rareté et la vétusté des ressources et du matériel, ainsi que le terrain défavorable aux troupes italiennes.
La bataille s'achève le 12 octobre 1916.
Bilan
Les Italiens ne gagnent que 3 km, au prix de 24 000 pertes humaines.
Neuvième bataille d'Isonzo
Date Du 31 octobre au 4 novembre, 1916
Lieu Vallée de l’Isonzo, Italie
Issue Succès limité de l’offensive italienne
Belligérants
Royaume d'Italie Autriche-Hongrie
Forces en présence
225 bataillons 170 bataillons
1390 pièces d’artillerie 990pièces d’artillerie
Pertes
39 000 hommes 34 000 hommes
La neuvième bataille de l'Isonzo est une opération militaire de la Première Guerre mondiale, qui a eu lieu du 31 octobre au 4 novembre 1916, entre l'armée italienne et l'armée austro-hongroise.
Préambule
La neuvième bataille d'Isonzo débute par une attaque des 2e et 3e armées italiennes contre les positions austro-hongroise à l'est de la ville de Gorizia. Le mauvais temps, le brouillard, le froid et les lourdes pertes (28 000 hommes) obligent le commandant en chef italien, le général Luigi Cadorna, à mettre fin à l'offensive.
La bataille
Malgré quelques succès tactiques dans certains secteurs du front, l'attaque échoue dans son ensemble.
Bilan
Comme toujours, le long de l'Isonzo, l'armée austro-hongroise occupe les hauteurs de cette région montagneuse qui est une formidable forteresse naturelle. Les Italiens ne parvenant toujours pas malgré toutes leurs tentatives de parvenir à effectuer une percée.
L’année 1916 aura vu 5 opérations sur l’Isonzo, au lieu de 4 offensives en 1915.
Après une longue pause hivernale les italiens renouvelleront une attaque, la 10e, le 12 mai 1917.
Dixième bataille d'Isonzo
Date Du 10 mai au 8 juin 1917
Lieu Vallée de l’Isonzo, Italie
Issue Succès limité de l’offensive italienne
Belligérants
Royaume d'Italie Autriche-Hongrie
Forces en présence
38 divisions 14 divisions
430 bataillons 210 bataillons
400 000 hommes 200 000 hommes
3 800 pièces d’artillerie 1 400 pièces d’artillerie
Pertes
157 000 hommes 75 000 hommes
dont 35 000 morts dont 7 300 morts
La dixième bataille de l'Isonzo est une opération militaire de la Première Guerre mondiale, qui a eu lieu entre le 10 mai et le 8 juin 1917, entre l'armée italienne et l'armée austro-hongroise.
Après 9 attaques, en 18 mois, et autant d’échecs, le chef d'état-major italien Luigi Cadorna décide de lancer une 10e attaque dont l'objectif reste de briser le front austro-hongrois pour accéder à Trieste.
Cette attaque est celle de la dernière chance pour les Italiens. L’affaiblissement des troupes austro-hongroises sur le front italien dû à cette guerre d'attrition est telle l'intervention des troupes allemandes se dessinent. Côté italien, les pertes subies sont encore plus extraordinaires et chaque combat elles ont tendance à être plus élevé. Là aussi l’intervention des troupes Alliées se dessine.
Les Britanniques et les Français sont décidé à venir en aide aux Italiens seulement en cas d'urgence, comme par exemple si l'Allemagne aidait militairement les Austro-Hongrois à grande échelle. En conséquence, au début de l’année de 1917, Nivelle envoie Ferdinand Foch pour rencontrer Cadorna et définir un plan d'urgence afin de répondre à toute éventualité.
Le plan sera finalement accepté à la fin octobre 1917, mais trop tardivement pour venir en aide aux italiens avant le désastre de Caporetto lors de la douzième bataille de l'Isonzo.
Les Français demandent à Cadorna de lancer une offensive générale dans le secteur de l'Isonzo afin de coordonner leur offensive sur l’Aisne, commencée en avril 1917.
Comme convenu, Cadorna convenu, lance la dixième bataille de l’Isonzo le 10 mai 1917.
L'objectif étant une nouvelle fois d’accéder à Trieste.
La bataille
Les Italiens, déploient 38 divisions contre seulement 14 aux austro-hongrois.
Le 10 mai 1917, l’artillerie italienne commence le pilonnage des positions austro-hongroises.
Après 2 jours et demi de bombardements sur le front de Tolmino jusqu'à la mer Adriatique, les Italiens lancent une attaque près de Gorizia; le front austro-hongrois est rompu dans la périphérie sud de la ville.
Cette fois l’attaque, a 2 objectifs. Le premier objectif est de parvenir à effectuer une percée sur la ville de Trieste en traversant le plateau Carsique au sud est de Gorizia sur un front de 40 kilomètres.
Le second objectif, est la conquête du Mont Saint Gabriel, donnant ainsi l’accès à la Vallée de Vipava ouvrant ainsi une seconde voie pour conquérir Trieste.
Fin mai l'armée italienne avait atteint la ville côtière de Duino et ne se trouvait qu’à une quinzaine de kilomètres de Trieste.
Les Italiens réussissent à capturer, temporairement, Jamiano et plusieurs positions du Haut plateau Karsique près de Monfalcone, mais ils échouent, en voulant prendre le mont Ermada.
Les italiens établissent, et défendent, une tête de pont au nord de Gorizia, entre le Monte Santo et Zagora.
Des combats ont également lieu dans le nord des Alpes juliennes, contre les positions fortifiées austro-hongroises du col de Vršič (col de Moistrocca).
Le 3 juin les austro-hongrois lancent une contre-offensive et récupèrent presque tout le terrain perdu.
Le 8 juin Cardona décide d’arrêter l’offensive.
L’Isonzo et la région
Bilan
Le nombre de victimes est très important en particulier côté italien. Les Italiens perdent 157 000 hommes et les austro-hongrois 75 000.
Afin de remonter le moral de l'armée italienne Cadorna prévoit une nouvelle tentative de percée. Il masse le plus grand nombre de divisions et de l'artillerie pour le moment le long de la rivière Isonzo. La onzième bataille de l'Isonzo sera effective deux mois plus tard, le 19 août 1917.
La fin
Les négociateurs autrichiens remirent aux Italiens une demande écrite de cessez-le-feu près du Lac de Garde le 29 octobre 1918. Le général Viktor Weber Edler von Webenau à la tête de la délégation autrichienne rencontra le lendemain près de Padoue la délégation italienne conduite par le général Pietro Badoglio. La délégation autrichienne fut chargée de négocier l'armistice le plus rapidement possible, mais sans qu'il eut l'air d'une capitulation. Les Italiens leur remirent les conditions transmises de Paris et stipulées par la Triple Entente qui exigea la capitulation de l'Autriche-Hongrie. Peu après suivirent les clauses particulières détaillées jointes par les clauses supplémentaires de l'Italie. Webenau lié par les instructions de Vienne refusa de les accepter. Confronté à la demande de capitulation et à l'appréciation tout à fait irréelle de Vienne concernant la situation militaire sur le front, il n'eut pas d'autre choix que d'envoyer les trois membres de la délégation (Schneller, Liechtenstein et Rugga) à Trient pour demander de nouvelles instructions du général Waldstätten. Le général les renvoya à Vienne. La première rencontre entre l'empereur Charles Ier d'Autriche, les ministres et les généraux se clôturèrent sans prise de décision, mais ils adressèrent une déclaration aux peuples de l'Autriche-Hongrie. Les réunions successives se terminèrent sans résultat.
Tandis que les commissions à Vienne ne voulaient prendre aucune responsabilité par une quelconque décision, la délégation autrichienne attendit en vain à Trient et Padoue des instructions claires et précises. Des soldats austro-hongrois moururent ou se firent capturer de façon humiliante parce que les dirigeants à Vienne laissèrent Webenau seul à Padoue. Dans un premier temps Vienne accepta les conditions posées par la Triple Entente puis l'empereur retira son accord. Le 3 novembre il fut ordonné aux troupes austro-hongroises d'arrêter le feu par télégramme. Webenau ignora à Padoue l'arrêt du feu unilatéral autrichien (toutes les unités autrichiennes n'arrêtèrent donc pas le feu) et n'eut pas de connaissance des échanges de télégrammes entre Vienne et Trient. Lorsque Webenau, après avoir envoyé un membre de la délégation à Trient, eut enfin l'occasion de lire lui-même les télégrammes confus, il n'y vit pas plus clair. Il décida finalement de signer l'armistice. La première clause supplémentaire de l'Italie exigeait sans équivoque l'arrêt des combats 24 heures après la signature pour pouvoir aviser les armées belligérantes des modalités de l'armistice. Cela fut une mesure raisonnable du point de vue des Italiens. L'Autriche-Hongrie la considéra comme une manœuvre de retardement.
L'armistice fut signé à 15 heures le 3 novembre 1918 et entra en vigueur à 15 heures le 4 novembre 1918. Les conséquences des décisions prises à Padoue où arrivèrent les représentants de l'Autriche-Hongrie à la demande de leurs gouvernements, furent non seulement formelles mais aussi substantielles. Le signal de l'arrêt de feu du 3 novembre émis avant la signature de l'armistice fut mise en cause pour l'arrêt unilatéral des combats des forces austro-hongroises.
Peu après la guerre les nouveaux dirigeants de l'Autriche publièrent dans la "Wehrzeitung" (Bulletin officiel des armées) l'analyse de la guerre. Il fut reconnu que le front entre Adige et la Mer Adriatique s'écroula totalement pendant les premiers jours de novembre avant la signature de l'armistice et avant l'arrêt unilatéral des combats, que la demande de l'Autriche-Hongrie d'arrêter les combats au moment de la signature de l'armistice fut inacceptable car elle était irréalisable du point de vue technique. L'état-major autrichien domina les média après la défaite et insinua à travers les communiquées que l'Italie essaya de capturer de façon malhonnête le maximum de soldats pour justifier la victoire qui en fait ne fut emportée du tout. L'Autriche espéra améliorer sa position lors des négociations de paix ultérieures.
Front italien (Première Guerre mondiale)
Troupes italiennes sur l'Isonzo
Date 23 mai 1915 - 4 novembre 1918
Lieu Alpes orientales
Issue Victoire des alliés Effondrement de l'Autriche-Hongrie Traité de Trianon
Belligérants
Royaume d'Italie Empire allemand
Royaume-Uni Autriche-Hongrie
République française
États-Unis
Le Front italien (en Allemand Gebirgskrieg, la guerre de la montagne) est le nom donné aux opérations militaires et aux batailles menées par l'armée royale italienne et ses alliés contre les armées de l'Autriche-Hongrie et de l'Allemagne dans l'Italie nord-orientale durant la Première Guerre mondiale (1915-1918). L'Italie espérait que s'alliant aux forces de la Triple-Entente contre les Empires centraux, elle pourrait obtenir les provinces du Trentin, Trieste et d'autres territoires tels que le Tyrol du Sud, l'Istrie et la Dalmatie. Alors que l'Italie pensait exploiter un effet de surprise pour mener une offensive rapide visant à occuper les principales villes de l'Autriche, le conflit se transforma rapidement en une sanglante guerre, semblable à celle en cours sur le front occidental.
Les causes
Bien que l'Italie soit membre de la Triple Alliance avec l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne, elle n'entre pas en guerre en 1914 faisant valoir qu'aucun de ses alliés n'est attaqué directement. L'Italie a une forte rivalité avec l'Autriche-Hongrie qui date du congrès de Vienne de 1815, après les guerres napoléoniennes, lorsque nombre de villes italiennes sont cédées à l'Autriche. Au cours des premières phases du conflit, l'Italie est encouragée par des diplomates alliés à entrer en guerre ce qui la conduit à la signature du pacte de Londres, le 26 avril 1915. L'Italie se libère des obligations de la Triple Alliance. Le 23 mai, l'Italie déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie.
Campagne de 1915-1916
Front italien entre 1915 et 1917, les onze batailles de l'Isonzo et du plateau d'Asiago. En bleu, les premières conquêtes italiennes
À l'aube du 24 mai la marine royale italienne tire la première salve contre les positions austro-hongroises de Cervignano del Friuli, qui, quelques heures plus tard, devient la première ville conquise. À l'aube du même jour, la flotte austro-hongroise bombarde la gare de Manfredonia et à 23h56, Ancône. Le même 24 mai le premier soldat italien, Riccardo di Giusto, tombe.
Le commandement des forces armées italiennes est confié au général Luigi Cadorna. Le nouveau front ouvert par l'Italie a pour théâtre d'opérations l'arc alpin du Stelvio à la mer Adriatique et l'effort principal destiné à percer le front se déroule dans la région des vallées d'Isonzo en direction de Ljubljana. Après une première avancée italienne, les Austro-hongrois reçoivent l'ordre de se retrancher et de résister. La guerre devient une guerre de tranchées semblable à ce qui se passe sur le front occidental, la seule différence est que, alors que sur le front occidental des tranchées sont creusées dans la boue, sur le front italien, elles sont sculptées dans la roche et les glaciers des Alpes au-delà de 3 000 mètres d'altitude.
Les premiers combats sur l'Isonzo
La première initiative (23 juin - 7 juillet 1915) est une offensive destinée à conquérir la ville de Gorizia au-delà de la rivière Isonzo bien que l'armée italienne soit mal équipée en artillerie, matériel et munitions. Au début de la guerre, l'armée ne dispose que de 600 véhicules pour le transport des troupes. Les chevaux sont encore le principal moyen de transport et ils rencontrent de sérieuses difficultés pour transporter l'approvisionnement en raison du terrain alpin. En outre, le nouveau commandant en chef italien, Luigi Cadorna, n'a pas l'expérience du terrain et il n'est pas très populaire parmi les troupes.
Au début de cette offensive les Italiens ont la supériorité numérique sur les Autrichiens de 2 contre 1, même si les Austro-hongrois disposent d'un armement de meilleure qualité, notamment des pièces d'artillerie plus puissantes. Les Italiens ne réussissent pas à briser les puissantes lignes défensives sur les Alpes parce que les Autrichiens défendent des positions plus élevées, et les attaques nécessitent l'escalade de parois rocheuses. Deux semaines plus tard, les Italiens tentent un nouvel assaut (18 juillet - 3 août 1915) soutenu, cette fois, par un plus grand nombre de pièces d'artillerie mais ils sont encore repoussés. Un troisième assaut est mené du 18 octobre au 4 novembre avec 1 200 pièces d'artillerie sans plus de résultats. La quatrième bataille de l'Isonzo se déroule du 10 novembre au 2 décembre 1915. Les pertes italiennes s'élèvent à 60 000 morts et 150 000 blessés, ce qui équivaut à environ un quart des forces déployées.
Offensive italienne sur le col Basson
Une carte postale envoyée du front par un soldat à sa famille, vers 1917.
L'offensive du col Basson est une brève mais intense bataille livrée sur le front italien en août 1915. Si sur l'Isonzo, les premières offensives lancées par l'armée italienne ne donnent pas de résultats, la première offensive italienne dans le Trentin se révèle aussi un échec.
Au cours des semaines qui précédent la bataille, le commandement militaire italien, en raison des résultats décevants des attaques sur l'Isonzo, a étudié, rapidement, une nouvelle offensive qui aurait dû enfoncer les lignes autrichiennes sur le plateau de Luserna et ainsi ouvrir la route de Trente à l'armée italienne. Mais l'attaque initiale est mal conçue et il manque surtout les informations cruciales sur la consistance et le nombre de défenseurs.
Le 25 août à 23h00, le général Pasquale Oro ordonne l'attaque qui se concentre sur deux parties du front, contre les forces autrichiennes des forts des sommets Vezzena et Busa Verle et contre les positions du col Basson. Les premières phases de l'attaque italienne enregistrent un léger succès : les fantassins de la brigade Ivrea réussissent à occuper la première tranchée ennemie et à gagner quelques kilomètres le long du front. Cependant la puissante défense de Vezzena-Verle peut se retirer sans de lourdes pertes et se réorganiser dans les bois de Varagna juste au-dessous du fort Vezzena. C'est en ce lieu que s'arrête la première vague d'attaques. Alors que l'opération ne se déroule pas comme prévu, l'attaque contre les positions autrichiennes du col Basson est ordonnée. C'est une décision cruciale pour l'issue de l'offensive, sans un objectif précis et une tactique bien étudiée, les soldats italiens avancent de manière désordonnée sous le feu incessant de l'ennemi.
Alors qu'ils gravissent la colline, les défenses autrichiennes se font de plus en plus denses et fortes. Cela dure jusqu'à l'aube suivante, lorsque le lieutenant-colonel Riveri reçoit l'ordre de battre en retraite. Les Autrichiens, comprenant la situation de désordre des assaillants, sortent de leurs positions pour une contre-offensive.
L'offensive sur l'Asiago
Le général Luigi Cadorna visitant une batterie anglaise
En février 1916, les Austro-hongrois amassent des troupes dans le Trentin et le 11 mars, pendant huit jours, a lieu la cinquième bataille de l'Isonzo, qui n'aboutit à aucun résultat. Cependant Le chef d'état major autrichien, le général Conrad von Hötzendorf, avait déjà planifié depuis plusieurs mois une grande offensive dans le Trentin. L'objectif était très ambitieux : briser le front italien, envahir la plaine de Vénétie et occuper la ville de Venise. L'offensive a été significativement appelée la bataille des Plateaux ou Strafexpedition (expédition punitive).
Cette fois le rapport des forces était nettement favorable aux Autrichiens qui ont engagé 300 bataillons et 2000 pièces d'artillerie face aux Italiens qui, sur ces lignes, disposaient à peine de 172 bataillons et 800 pièces d'artillerie. Le 15 mai débute l'offensive. Si les Austro-hongrois avancent et occupent la totalité du plateau d'Asiago, ils ne parviennent pas à atteindre la plaine. Le 4 juin, sur le front russe, l'Offensive de Brousilov oblige l'armée austro-hongroise à appeler des renforts depuis le Trentin, les Italiens en profitent pour mener une contre-offensive. Le 15 juin le général von Hötzendorf ordonne à ses officiers de battre en retraite, les Austro-hongrois sont obligés de se retirer afin de renforcer leurs positions sur le Carso.
Comprenant les difficultés de l'ennemi, Cadorna ordonne une offensive sur l'Isonzo. Le 4 août débute la sixième bataille de l'Isonzo qui conduit les Italiens à la conquête de la ville de Gorizia en 4 jours, le 8 août. Cette ville, bien que n'étant pas d'une importance stratégique, sera enlevée au prix de pertes très élevées (20 000 morts et 50 000 blessés). Quelques semaines avant cette bataille, des gaz toxiques furent utilisés pour la première fois sur le front italien : le 29 juin sur le mont San Michele les Autrichiens lancèrent environ 6 000 bombes au dichlore sur les lignes italiennes et tuèrent plusieurs centaines de soldats en quelques minutes.
L'année se termine avec trois offensives :
Septième bataille de l'Isonzo : 14 septembre - 16 septembre 1916
Huitième bataille de l'Isonzo : 1er novembre 1916
Neuvième bataille de l'Isonzo : 4 novembre 1916
Ces trois batailles, qui comptent 37 000 morts et 88 000 blessés, n'aboutissent pas à des réalisations importantes. Dans la dernière partie de l'année, les Italiens réussissent à avancer que de quelques kilomètres dans le Trentin, mais tout au long de l'hiver 1916 - 1917, sur le front de l'Isonzo, entre Carso et Monfalcone, la situation reste stable.
Luigi Capello
La reprise des opérations a lieu en mai. Du 12 mai au 28 mai la dixième bataille de l'Isonzo se déroule. Du 10 juin au 25 juin, la bataille du Mont Ortigara voulue par Cadorna afin de reconquérir les territoires du Trentin restés aux mains des Austro-hongrois a lieu sans résultat. Le 18 août débute la plus grande offensive italienne au nord et à l'est de Gorizia, la onzième bataille de l'Isonzo, ne se traduit par aucun changement notable même si les troupes sous le commandement de Luigi Capello, au prix de lourdes pertes, réussissent à rompre les lignes autrichiennes et à pénétrer sur le plateau de Bainsizza. L'armée austro-hongroise est sur le point de s'effondrer. Les Italiens ont presque réussi à obtenir la victoire mais ils sont contraints de se retirer parce que l'approvisionnement n'arrive pas à suivre les unités en première ligne.
1917: participation de l'Allemagne
La bataille de Caporetto et la retraite italienne vers le Piave.
Après la onzième bataille de l'Isonzo, l'Autriche, épuisée, reçoit l'aide des divisions allemandes arrivées du front russe après l'échec de l'offensive du général russe Kerenski (juillet 1917). Les Allemands introduisent l'utilisation de techniques d'infiltration derrière les lignes ennemies et aident les Autrichiens à préparer une nouvelle offensive. Pendant ce temps, les troupes italiennes sont décimées par les désertions et le moral est bas, les soldats sont forcés de vivre dans des conditions inhumaines et d'engager des combats sanglants qui ont peu de résultats.
La bataille de Caporetto
Pietro Badoglio
Le 24 octobre 1917 les Austro-hongrois et les Allemands commencent la douzième bataille de l'Isonzo, plus connue sous le nom de bataille de Caporetto, par un intense tir d'artillerie, appuyé par des actions de commandos derrière les lignes italiennes avec pour mission de saboter les points vitaux des déploiements ennemis. Ils enfoncent le front nord de l'Isonzo convergeant sur Caporetto et encerclant la IIe armée italienne et en particulier les IVe et XXVIIe corps d'armée commandés par le général Pietro Badoglio. À la fin de la première journée, les Italiens sont obligés de battre en retraite jusqu'à la rivière Tagliamento.
Le général Luigi Capello, commandant la IIe armée italienne, ainsi que le chef d'État-major général Luigi Cadorna ont depuis longtemps entendu parler d’un probable attaque, mais ils sous-estiment ces nouvelles et les capacités offensives des forces ennemies. Capello au cours de l'encerclement préfère se faire « diplomatiquement » hospitaliser ce qui lui vaut de ne pouvoir se défendre devant la commission d'enquête.
Par cette action, les Autrichiens progressent de 150 km en direction du sud-ouest atteignant Udine en seulement quatre jours. La Bataille de Caporetto provoque l'effondrement du front italien sur l'Isonzo et le retrait des armées déployées de l'Adriatique jusqu'à Valsugana, en plus des pertes en vies humaines et des équipements. 350 000 soldats se retirent avec 400 000 civils fuyant les zones envahies. L'armée se retire le long du Tagliamento et jusqu'au Piave. Le 11 novembre 1917, la Vénétie y compris Venise semble perdue. On dénombre près de 700 000 morts, blessés et prisonniers. En raison de leur rapide avancée, les Austro-Hongrois perdent le contact avec leurs lignes de ravitaillement et ils sont obligés de s'arrêter et de se rassembler. Les Italiens sont contraints de se replier sur les lignes défensives sur le Piave, après avoir subi des pertes d'environ 600 000 personnes depuis le début de la guerre. Les autrichiens ne parviendront pas à atteindre Venise.
Prisonniers italiens de la IIe armée sur une place à Udine.
Après la défaite, le général Cadorna, dans la déclaration publiée le 29 octobre 1917, condamne l'« absence de résistance des unités de la IIe armée » comme le motif de l'enfoncement du front par les Austro-Hongrois. Le 9 novembre 1917, Cadorna, invité à faire partie de la conférence inter-alliée à Versailles, est remplacé par le général Armando Diaz, après que la retraite italienne s'est finalement stabilisée sur les lignes du mont Grappa et du Piave, par le nouveau président du conseil Vittorio Emanuele Orlando.
En novembre 1917, des troupes françaises et britanniques commencent à affluer sur le front italien de manière consistante, 6 divisions françaises et 5 britanniques. Le 4 décembre, deux divisions françaises sont déployées sur le mont Tomba et sur le Monfenera, deux divisions anglaises pour défendre Montello. Les Austro-Hongrois et les Allemands terminent l'année 1917 avec des offensives sur le Piave, sur le plateau de l'Asiago et sur le Mont Grappa. Les Italiens, décimés après Caporetto, sont obligés, pour combler les effectifs d'appeler la classe 1899 à peine âgée de 19 ans et il est décidé de conserver la classe 1900 pour un hypothétique dernier effort, en 1919.
Benoît XV
La discipline de fer de Cadorna et les dures propos du pape Benoît XV sur l'«inutile massacre» qui frappe les militaires après de nombreux mois dans les tranchées, a brisé l'armée. La retraite sur le front de Grappa-Piave permet à l'armée italienne, désormais entre les mains de Diaz, de concentrer ses forces sur un front plus restreint, plus propice à sa défense et, par-dessus tout, à un changement tactique imposé par la défense du territoire national. Tout ceci contribue à rassembler l'armée et la nation dans une même valeur morale vers la victoire finale.
Analyse de la défaite de Caporetto
L'historiographie de ces dernières années avec les travaux de Giancarlo Lehner, de Mario Isnenghi et de Paul Fussell propose une interprétation qui prenne en compte les aspects militaires de la retraite de Caporetto, mais aussi la politique.
Lehner montre, dans ses travaux, l'inefficacité des stratégies militaires de l'état major italien, mais en même temps rappelle que dès l'entrée en guerre, il y a une «extrême désorganisation et de grandes faiblesses » au sein de l'armée mais aussi une corruption qui touche l'armée et les industriels qui fraudent sur leurs fournitures. Toutes ces déficiences et d'autres ont été les symptômes d'un mal endémique qui allait éclater à Caporetto et qui ne prendrait pas fin avec celle-ci.
Caporetto n'est pas seulement une bataille perdue mais elle « s'accompagne effectivement d'une sorte de grève, d'insubordination généralisée, de désertions en masse, d'un esprit de révolte et de protestation ... qui aurait pu se transformer en une entreprise révolutionnaire de grande portée.
La protestation est alimentée dans le mois précédent par le défaitisme qui s'est diffusé auprès du peuple et dans certaines unités de soldats dans lesquelles agit la propagande des groupes maximalistes socialistes qui font l'éloge de la révolution bolchevique comme un exemple à suivre selon les appels de la Troisième Internationale à une révolution mondiale du prolétariat, mais aussi par le refus de la guerre des catholiques qui recueillent le message pacifiste du pape Benoît XV.
Les autorités militaires et civiles reprennent le contrôle de la situation, y compris par des dizaines d'exécutions sommaires, par la reprise de la guerre nationale et patriotique où ces mêmes Italiens « fatigués, démoralisés et mal commandés» repousseront hors des frontières ces Autrichiens qui, un an auparavant, avaient envahi une partie de la Vénétie jusqu'au Piave.
L'offensive du Piave
Au printemps 1918, l'Allemagne a retiré ses troupes afin de les utiliser pour l'imminente offensive du printemps sur le front occidental. Le commandement autrichien cherche les moyens de mettre fin à la guerre en Italie. Il suspend les attaques en attendant le printemps 1918 et prépare une offensive qui aurait dû les emmener dans la plaine vénitienne. La fin de la guerre contre la Russie permet de déplacer vers l'ouest la plupart des armées employées sur le front oriental. Entre le 23 mars et le 11 avril, six des onze divisions alliées (4 françaises et 2 anglaises) qui étaient arrivées en Italie à l'automne 1917 sont rappelées sur le front français. De plus l'Italie envoie le IIe corps d'armée en France sous le commandement du général Albricci. Le moment semble propice pour la monarchie des Habsbourg de lancer une offensive. Par contre, il existe un fort antagonisme entre les deux feld-maréchaux Franz Graf Conrad von Hötzendorf et Svetozar Boroevic von Bojna. L'archiduc Joseph-Auguste d'Autriche décide de mener une attaque dans deux directions.
Conrad von Hötzendorf
L'armée impériale attaque avec 60 divisions soit un total de 1 100 000 hommes au cours de ce que Gabriele D'Annunzio appelle la « bataille du solstice » (15 - 23 juin 1918) qui voit les Italiens résister à l'assaut et infliger de lourdes pertes à l'ennemi. L'offensive du Piave débute le 12 juin par une attaque de diversion près du col du Tonale (opération Lawine), les Austro-Hongrois sont facilement repoussés par les Italiens. Les objectifs de l'offensive ont été divulgués aux Italiens par des déserteurs autrichiens ce qui permet aux défenseurs de déplacer deux armées directement dans les zones visées par l'ennemi: l'opération Radetzky commandée par le feld-maréchal Conrad avec la conquête du plateau d'Asiago et du mont Grappa et l'avancée jusqu'à la ligne du Bacchiglione et l'opération Albrecht du feld-maréchal Borojevic avec la percée des lignes du Piave et la conquête de Trévise. Les attaques effectuées par le feld-maréchal Borojevic obtiennent un certain succès au cours des premières phases jusqu'à ce que les lignes de ravitaillement soient bombardées et que les renforts italiens arrivent. Les Austro-Hongrois, pour qui cette bataille est la dernière occasion de faire basculer définitivement le conflit à leur avantage, perdent tout espoir, le pays étant dans l'incapacité de soutenir économiquement et moralement l'effort de guerre et la monarchie de garantir l'intégrité d'un état multinational dont les peuples sont au bord de la révolution.
La bataille décisive: Vittorio Veneto
Plan de la bataille de Vittorio Veneto
La bataille du Piave n'est suivie d'aucune contre-offensive ce qui irrite les Alliés de l'Italie. L'armée italienne a subi de lourdes pertes et une offensive générale est jugée trop risquée. Le nouveau chef d'état-major Armando Diaz décide d'attendre jusqu'à ce que de nouveaux renforts arrivent du front occidental. En 1918, l'Italie a finalement assez de troupes pour lancer une offensive. L'offensive de Vittorio Veneto débute le 24 octobre avec de mauvaises conditions météorologiques.
L'armée italienne, avec le soutien des alliés (3 divisions françaises, 2 britanniques et un régiment américain) commence son offensive qui voit s'opposer 55 divisions italiennes contre 60 autrichiennes. Le commandement italien a bien étudié le plan qui ne prévoit pas d'attaques frontales mais un coup concentré sur un point unique afin de rompre le front. Le point choisi est Vittorio Veneto où la Ve et la VIe armée autrichienne se conjuguent. L'offensive commence par une manœuvre de diversion, la IVe armée italienne commence une attaque sur Grappa afin d'y attirer la majorité des renforts autrichiens. La crue du Piave contraint ce front à l'inaction, les Autrichiens croient que l'attaque de la IVe armée est l'attaque principale et ils continuent à combattre de toutes leurs forces.
Au cours de la nuit du 28 au 29 l'attaque sur le Piave est lancée, les premières heures sont terribles, le courant est fort et les têtes de pont restent souvent isolées, mais à la fin, la VIIIe armée réussit à traverser la rivière et commence sa progression, couverte par la Xe et la XIIe armée qui se sont déployées sur ses ailes. Le front se rompt. La défaite autrichienne qui se profile accroit le nombre des désertions, des unités entières abandonnent les lignes et le 30 octobre, l'armée italienne occupe Vittorio Veneto pendant que d'autres unités italiennes passent le Piave et avancent. La marche en avant se poursuit pendant trois jours, 300 000 Austro-Hongrois se rendent. Le 3 novembre, à Villa Giusti, près de Padoue l'armée autrichienne signe l'armistice; les soldats italiens entrent dans Trente pendant que les bersaglieri débarquent à Trieste, appelés par le comité de salut public local qui avait demandé le débarquement des troupes de l'Entente.
4 novembre 1918, 12 heures
La guerre contre l'Autriche-Hongrie que l'armée italienne, sous la direction de S. M. le Roi Guide Suprême, inférieure en nombre et en moyen, débuta le 24 mai 1915 et qu'avec sa foi inébranlable et sa valeur tenace elle mena de manière ininterrompue pendant 41 mois, est gagnée... Les restes de ce qui a été l'une des plus puissantes armées du monde remontent en désordre et sans espoir dans les vallées qu'elle avait descendu avec une orgueilleuse sûreté.
Armando Diaz
Depuis la publication du commandement suprême Bollettino della Vittoria.